Baptistine raconte

"L'accouchement à la maison de Baptistine : Une bulle d'amour, de confiance et de puissance"

C'était mon premier bébé. Nous étions complètement dans notre bulle… et nous y sommes encore, d'une certaine manière. Je suis persuadée que cette sensation de plénitude est directement liée au fait d'avoir accouché à la maison : dans le calme, la tranquillité, la sérénité, l'amour, le respect… et le bonheur. 

2h30 du matin. Comme toutes les nuits depuis des mois, je me lève pour aller aux toilettes. Chaque fois, je me demandais : « Et si c'était pour aujourd'hui ? » Dans mon esprit, dans mon corps, j'étais prête. Ce jour-là, pourtant, à 2h du matin… rien. 


4h. Je sens un écoulement. Est-ce la fameuse poche des eaux ou simplement une perte normale ? Cela me réveille, mais ne me dérange pas. Je retourne aux toilettes et là, plus de doute : la poche s'est rompue. Je suis sereine, détendue, pleine d'enthousiasme. Je réveille mon compagnon : « C'est pour aujourd'hui, je le sens. » Lui est un peu plus tendu. J'appelle ma sage-femme, le cœur léger, comme pour confirmer un rendez-vous attendu depuis si longtemps. Elle me conseille de me recoucher, car les contractions ne sont pas encore là. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit… J'étais bien trop excitée à l'idée que ce soit enfin le grand jour. 

5h30. Première contraction. Elle ressemble à une douleur de règles, comme on me l'avait décrit. Puis une deuxième, une troisième… Nous sommes le 26 mai. C'est aujourd'hui que je vais rencontrer ma fille. Je prends une douche, un thé, une bouillotte. Et, comme dans les films, nouvelle perte des eaux… en plein milieu de la cuisine. Littéralement une flaque. 

6h. Mon compagnon commence les préparatifs : la piscine, le matelas, les petites lumières… Rien n'était prêt car nous pensions avoir encore une semaine devant nous. Mais nous étions détendus, prêts à accueillir ce qui viendrait. Il me pose une dernière question : « Tu es sûre de vouloir accoucher ici, à la maison ? » Quelques doutes pour lui, aucun pour moi. J'étais ancrée dans ma décision. Bien sûr, j'avais envisagé qu'un transfert à l'hôpital puisse être nécessaire, mais au fond de moi, je savais que tout se passerait bien. J'appelle ma doula, elle me propose de passer chercher le petit-déjeuner. Évidemment, j'accepte. 

Elle arrive vers 7h. Les contractions se font plus présentes. Mon compagnon est là, ma doula aussi. C'est magique. J'en oublie d'avertir ma sage-femme. Au fond, je voulais lui laisser un peu de repos pour qu'elle soit en forme pour la suite. Je fais une séance d'hypnose. Je mange avec plaisir. Puis, à 8h30, je vomis. Ce n'est rien, ça valait le coup. L'intensité monte. Je me dis : « Si ça reste comme ça, je gère. » Évidemment, ça n'allait pas rester ainsi… 

 10h. Ma sage-femme arrive. Les sensations deviennent plus fortes. Je suis installée sur le ballon, soulagée de sa présence. Elle me guide, me recentre sur ma respiration. Ma doula me masse le bas du dos, mon compagnon me soutient, littéralement et symboliquement. Je serre fort sa main… 

11h. On décide que je passe dans la piscine. L'eau m'apaise, m'aide à me relâcher, m'accompagne pour les poussées. Mon col s'ouvre, je sens mon bébé descendre. Tout est naturel, évident. Dans notre cocon, musique douce, mon compagnon à mes côtés. L'endorphine fait son entrée : quel soulagement ! Je me sens ailleurs, portée. Ensemble, avec mon bébé, on forme une équipe. Une équipe forte, unie, magnifique. 12h30. L'eau commence à ralentir les contractions. Elles deviennent moins efficaces. Je fatigue. Je me répète : « C'est la bonne, c'est maintenant. » Mais non. Pas encore. Je ne doute pas, mais je me demande combien de temps cela va encore durer. Et c'est normal : je suis fatiguée. J'avais préparé ce moment avec calme, pas en courant un marathon. 

Vers 12h45, je sors de la piscine, tant bien que mal, et m'installe sur le matelas. L'intensité redouble. Chaque contraction me rapproche de mon bébé. C'est une autre dimension. Mon compagnon ne me quitte pas. Il m'encourage, me soutient, me surprend. Il est si présent, si engagé. Il veut presque aider la sage-femme, comme pour ne rien manquer, ne rien laisser au hasard. Il y a tant d'amour, d'humour, de complicité autour de cette naissance… Les dernières poussées sont intenses. Je suis épuisée, essoufflée, je n'ai qu'une envie : que cela s'achève. Alors je pousse une dernière fois, une poussée puissante, instinctive, hors contraction. La fameuse poussée réflexe ? 

Et là, à 14h02, elle est là. C'est indescriptible. Je n'ai pas les mots. Je sais que ce que je viens de vivre n'est que le début. Nous sommes trois maintenant, dans notre bulle. Une bulle d'amour. Accoucher à la maison nous a vraiment enveloppés dans notre cocon, dès les premières heures de travail, pendant la naissance, et encore après. Après ces neuf mois, après ces dix heures de travail… elle est là. Contre moi. Restée trois heures sur moi, puis deux sur son papa. Le temps s'est arrêté. Le peau à peau… si doux, si fort. Je la regarde sans cesse. C'est fou, merveilleux. Incroyable qu'elle soit là, qu'elle ait grandi en moi. Incroyable que tout cela ait eu lieu chez nous, avec lui, avec eux. Et puis le placenta… que je ne suis pas pressée de voir sortir après tout ça. On prend le temps. Deux heures plus tard, on le laisse venir. Et cette délivrance… ! Le cordon n'est coupé qu'une fois devenu blanc. Tout est fait en douceur. Même la pesée attendra deux jours. Le calme, le respect, la tendresse. Voilà ce qu'est, pour moi, l'accouchement à la maison. Voilà mon accouchement. Mon accouchement rêvé. 

Notre vie a changé. C'est un trop-plein d'amour, une vague immense, un tourbillon d'émotions. Je sais que chaque maman vit quelque chose de fort… mais accoucher chez soi, dans son intimité, avec une équipe bienveillante, avec une doula pour accueillir toutes mes émotions… cela nous a profondément transformés. C'est difficile à expliquer. Un mélange d'amour, de joie, de rires, de larmes, d'inquiétude, de bonheur. On a beaucoup ri. J'ai beaucoup pleuré. On a pris des photos, pendant l'accouchement. Des souvenirs précieux, inestimables. Ma doula a pris mon téléphone. Je n'avais pas osé faire venir une photographe. Et maintenant… je le regrette un peu. Car ces instants sont si forts, si uniques. Chaque grossesse, chaque naissance est différente. Et celle-ci, c'était la nôtre. Merci à Brigitte. Merci à Isabelle. Merci à mon compagnon. Merci à mon bébé. Merci à moi-même. Merci à cette équipe magnifique qu'on a formée ce jour-là.

Baptistine